Auteur: Xavier Foucaud
Publié le Il y a 2 semaines

Vous êtes originaire de Maurice et avez fait vos études dans une université anglaise. Pourquoi ce choix ?
Cliffton Stricker - J’ai étudié à l’Université de Wolverhampton, en Angleterre, mais à distance. C’était un choix réfléchi, car je voulais accéder au droit international, un système juridique de référence, très respecté à Maurice, en Europe et à travers le monde. Pour évoluer dans la finance internationale et la compliance, avoir un bagage en droit international, c’est un vrai avantage compétitif. En parallèle, j’ai aussi une famille, donc mes décisions ne peuvent pas être impulsives. Je voulais avancer académiquement sans déstabiliser mon équilibre familial.
D’où la décision de quitter Maurice fin 2022 pour vous installer au Luxembourg. Pourquoi ce choix ?
Je ne connaissais pas beaucoup le Luxembourg avant. Mais mon frère y était déjà, donc j’avais un “point d’ancrage humain” pour observer la réalité sur place. Plus j’ai analysé, plus j’ai réalisé que c’était l’un des pays les plus structurés pour les fonds d'investissement.
Et ensuite, au niveau personnel, le Luxembourg offre quelque chose que peu de pays offrent simultanément : opportunités, stabilité, visibilité à long terme. Aujourd’hui, je suis frontalier, je vis en France et je travaille au Luxembourg. J’ai trouvé un équilibre très sain : une vie familiale stable, et à seulement quelques kilomètres, un environnement professionnel très exigeant et très stimulant.
Avez-vous rencontré des difficultés pour trouver un logement en arrivant ?
Oui, comme beaucoup. Le marché du logement au Luxembourg est très complexe et demande beaucoup de patience. Heureusement, ayant déjà vécu en France en 2022, il m’a été plus facile de m’y réinstaller. Le logement y est plus accessible. Le seul défi reste parfois le trajet, mais au final, c’est un compromis qui fonctionne bien pour moi.
Quelles ont été vos premières impressions sur le Luxembourg ? Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
La première chose qui m’a frappé, c’est l’architecture et l’ordre. Tout est propre, calme, organisé. On a l’impression d’être dans une “petite capitale”, presque intime, mais qui joue pourtant un rôle majeur sur la scène financière mondiale. Ce contraste entre taille réduite et impact international est assez étonnant.
Ensuite, j’ai été frappé par la diversité et l’ouverture culturelle. C’est un pays très discret, mais incroyablement international : dans un café, on peut entendre cinq langues différentes. Cette mixité donne une richesse humaine incroyable, on rencontre des personnes venant du monde entier, avec des parcours très différents.
Ce qui m’a le plus surpris, c’est le mélange d’un pays compact et extrêmement structuré avec une telle exposition internationale. On peut vivre dans une ville tranquille, avec des espaces verts et des quartiers calmes, et en même temps être au cœur de décisions financières et réglementaires qui ont un impact européen et mondial. C’est une expérience à la fois humaine et professionnelle très enrichissante, et quelque chose auquel je ne m’attendais pas avant d’arriver.

Avez-vous rencontré des locaux rapidement ?
J’ai surtout rencontré des expatriés, comme beaucoup de personnes qui viennent travailler au Luxembourg. C’est même un point surprenant : connaître de vrais Luxembourgeois demande du temps, car ils ne sont pas majoritaires dans l’expérience quotidienne. Le pays attire énormément de talents étrangers, ce qui rend les rencontres multiculturelles très fréquentes.
Dans la vie de tous les jours, les rencontres sont multilingues. J’entends beaucoup de portugais et d’espagnol, parfois du créole mauricien, ce qui crée une ambiance très internationale. Pour rencontrer davantage de locaux, j’ai dû profiter de visites et d’activités en dehors de mon milieu professionnel : par exemple lors de sorties culturelles ou de déplacements à travers le pays. Dans le cadre du travail, la majorité des contacts restent avec des expatriés.
Malgré cette diversité et cette prédominance d’expatriés, je n’ai jamais eu de mauvaises surprises. Le Luxembourg reste un pays stable, respectueux et très organisé, ce qui facilite l’intégration même dans un environnement international.
Vous parliez français et anglais en arrivant. Cela vous a-t-il aidé à vous intégrer ?
Oui, français et anglais sont les deux clés ici. Ils m’ont permis de m’intégrer naturellement. Le Luxembourg est un pays international, donc ces deux langues suffisent largement pour travailler et vivre. Je ne parle pas encore le luxembourgeois. Mais je suis ouvert à l’apprendre progressivement.
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En juin 2023, vous quittez le Luxembourg pour retourner à Maurice, avant de revenir fin 2024…
Il y a eu un mélange de deux choses : l’aspect familial et l’opportunité de se recentrer. J’ai aussi profité de cette période pour me réorganiser professionnellement, poursuivre mes formations, rester actif sur mes activités. C’était une parenthèse nécessaire, mais en continuité avec mon projet long terme.
Ma trajectoire professionnelle ici n’était pas terminée. Le Luxembourg reste un des meilleurs environnements pour évoluer dans l’AML (anti-money laundering) et la compliance des fonds, avec des standards élevés et une forte exposition européenne.
Sur le plan personnel et familial, le pays offre stabilité, sécurité et qualité de vie, tout en permettant de rester proche de la France grâce à mon statut de frontalier. Revenir ici était donc un choix mûrement réfléchi, alliant ambition professionnelle et équilibre familial.
Avez-vous trouvé des similitudes dans la manière de travailler à Maurice et au Luxembourg ?
Maurice et le Luxembourg partagent un point important : le sérieux et le professionnalisme. À Maurice, le travail est très rigoureux, tout en restant relationnel et flexible, ce qui permet de s’adapter rapidement et de développer de solides compétences humaines. Le Luxembourg, quant à lui, apporte une structure encore plus formalisée, avec des procédures strictes et une exposition directe à des instruments financiers complexes et des standards internationaux.
Les deux expériences sont complémentaires : Maurice m’a donné rigueur et sens du relationnel, et le Luxembourg m’a permis d’approfondir mes compétences techniques dans un environnement international sophistiqué.
Vous voyez-vous rester au Luxembourg sur le long terme ?
Oui, c’est une possibilité. Professionnellement, le Luxembourg reste cohérent avec mes objectifs : un environnement stable, structuré, et stimulant, idéal pour continuer à évoluer dans mon domaine.
Personnellement, c’est un pays sûr et organisé, qui offre un cadre de vie agréable et des perspectives solides pour ma famille. Bien sûr, la vie peut toujours nous réserver des surprises, et toutes les décisions dépendent de l’évolution professionnelle et personnelle. Mais pour l’instant, le Luxembourg est un lieu où je peux à la fois construire ma carrière et assurer un équilibre familial durable.
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