Les salaires au Luxembourg sont attractifs, mais le coût de la vie complique l’équation : aujourd'hui, recruteurs et candidats discutent davantage de "reste à vivre" que de rémunération brute.
Les salaires luxembourgeois sont attrayants. La vie y est toutefois chère. De plus en plus souvent, la négociation entre candidats et employeurs porte sur « le reste à vivre » et les possibilités de l’optimiser… Ce qui implique pour le recruteur de porter également une casquette de « comptable/fiscaliste».
Chaque jour, ils sont des dizaines de milliers à traverser la frontière pour venir travailler au Luxembourg. Il faut dire que les salaires proposés ici sont particulièrement attrayants, souvent bien supérieurs à ceux offerts dans les régions frontalières.
En 2022, le salaire médian brut, au Luxembourg, s’élevait à 58.126 euros (soit 4.843 euros/mois), selon les derniers chiffres du Statec. Cela veut dire que la moitié des salariés au Luxembourg gagnent moins que ce montant, l’autre moitié, forcément, étant mieux rémunérée. Le salaire moyen, lui, s’établit à 75.919 euros.
Luxembourg, en outre, pratique une fiscalité sur les revenus parmi les plus faibles des pays d’Europe occidentale.
Tenir compte du coût de la vie
Des salaires plus élevés, une fiscalité plus faible... Sur le papier, le pays a tout pour attirer. Il y a toutefois un bémol, celui du coût de la vie. que les candidats à un emploi au Grand-Duché prennent de plus en plus en considération : le coût de la vie.
Le coût de la vie au Luxembourg est relativement élevé. « Désormais, les candidats que nous rencontrons ne discutent plus forcément du montant du salaire, mais ils négocient sur ce que nous appelons « le reste à vivre », confiait récemment un DRH au Luxembourg. Autrement dit, leurs préoccupations se portent désormais sur ce qu’il leur restera une fois le logement, les charges diverses, les frais de transport et les courses alimentaires payées... »
37% des revenus dédiés aux « dépenses obligatoires »
De quel revenu, en tant que ménage au Luxembourg, disposez-vous ? Le dernier rapport « Travail et cohésion sociale » du STATEC (publié à la fin du mois de septembre) donne quelques indications. Il précise notamment que la moitié des ménages dispose, après impôts et cotisations sociales, d’un revenu mensuel de 6 073 euros. Le niveau de vie médian pour une personne seule s'élève à 3 970 euros par mois après impôts et prestations sociales.
Et quel est le niveau de vos dépenses ? Une part importante du revenu est dédié à des dépenses obligatoires, comme les assurances, les factures énergétiques, divers abonnements de téléphonie, mais surtout le loyer/logement. En 2023, selon le STATEC (qui pointait d’importantes inégalités et une hausse du risque de pauvreté), ces dépenses obligatoires représentaient 37 % du budget total des ménages. Des disparités sont néanmoins à souligner, les ménages les moins aisés consacrant plus de… 56 % de leurs revenus à ces dépenses.
On comprend que chacun s’interroge sur sa capacité à consommer au quotidien, pour se nourrir, se déplacer, s’habiller ou encore pour les loisirs.
Prendre en compte une variété de frais
A tel point que les recruteurs, lorsqu’il s’agit de convaincre des profils particuliers de rejoindre l’entreprise, n’hésitent pas à adopter une casquette de fiscaliste comptable, pour évaluer le plus précisément possible « le reste à vivre » de chacun.
Pour cela, il faut évaluer le coût du logement selon la (ou le projet de) localisation du candidat et même le panier moyen d’un ménage au supermarché, la composition du ménage (qui a un impact conséquent sur la fiscalité appliquée)… « C’est sur ces aspects que portent aujourd’hui les discussions, poursuit le DRH. Cela rend notre tâche nettement plus complexe, car cela dépend de la situation de chacun. Mais, si on veut convaincre, on doit aller jusque-là et, le cas échéant, les conseiller pour optimiser ce « reste à vivre ». »
Au départ de données précises, il s’agit de permettre au candidat de se projeter dans l’avenir, d’envisager des pistes pour optimiser sa situation, selon ses envies et contraintes. Pour les recruteurs, il devient donc difficile d’attirer uniquement en affichant un salaire, mais il s’agit bien de veiller à ce que chaque salarié dispose d’un revenu qui lui permet de vivre décemment et durablement. Prendre compte ces aspects permet d’attirer les candidats et de se préserver du risque de les voir « repartir » à court ou moyen terme.