La semaine de travail de 4 jours : avantages et défis
Auteur: AEOM
Publié le Il y a 1 semaine
La semaine de 4 jours, un enjeu clé pour les RH
Flexibilité. Ce mot est devenu central dans le monde du travail. Pour attirer et fidéliser les talents, les entreprises doivent s’adapter aux attentes des collaborateurs en matière d’organisation et d’horaires.
Une entreprise flexible, ouverte à la discussion et aux solutions d’aménagement, aura plus de chances de séduire des candidats et de limiter le turnover.
Au Luxembourg, 40 % des entreprises auraient déjà perdu un candidat faute d’une politique de télétravail suffisamment attractive. Dans ce contexte, la semaine de 4 jours suscite un intérêt croissant.
Petit historique : la réduction progressive du temps de travail
La réduction progressive du travail est une tendance de fond de l’évolution sociale des dernières décennies. Comme le rappelle la Chambre des Salariés du Luxembourg, la semaine de 48 heures a été ramenée à 44 heures en 1962. Il a ensuite fallu attendre les années 1970 pour que la semaine de travail de 5 jours, à raison de 8 heures par jour, soit établie.
Aujourd’hui, certaines entreprises envisagent ou expérimentent la semaine de 4 jours sans perte de salaire. Cela implique donc de prester 40 heures sur 4 jours au lieu de 5, soit de travailler 10 heures par jour. Mais est-ce que ce modèle est applicable à tous ?
Une mise en œuvre complexe selon les secteurs
Des défis administratifs et organisationnels
Tout d’abord, passer à la semaine de 4 jours implique une charge administrative accrue. Il faut gérer les plannings, coordonner les équipes, éviter les sous-effectifs et maintenir une continuité de service.
Ces ajustements demandent du temps et des ressources, ce qui peut être un défi majeur pour les petites et moyennes entreprises (PME). Or, au Luxembourg, 99,5% des entreprises sont des PME, dont 87% comptent moins de 10 salariés.
Mettre en place ce système au Grand-Duché nécessiterait de revoir le code du travail, comme l’a récemment souligné l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL). En effet, en l’état actuel, une dixième heure de travail prestée par jour reviendrait à une heure supplémentaire. Pour éviter que l’employeur ait à payer 4 heures supplémentaires aux employés qui profiteraient de la semaine de 4 jours, il faudrait alors revoir les textes légaux.
Des secteurs incompatibles avec la semaine de 4 jours
Certains métiers nécessitent une présence physique continue, rendant l’application de ce modèle extrêmement compliquée.
C’est le cas par exemple :
- des secteurs de la santé et des services d’urgence, qui fonctionnent 24h/7j et nécessitent que les équipes se relaient ;
- de la restauration, où il faut assurer un service continu aux clients ;
- de l’industrie et de la logistique, où il est difficile d’adapter les chaînes de production ou de livraison ;
- de l’éducation, où les rythmes scolaires et les programmes ne permettent pas toujours un aménagement du temps.
Dans ces domaines, réduire les jours de travail impliquerait d’augmenter les heures quotidiennes et/ou d’embaucher du personnel supplémentaire. Cela représente des coûts supplémentaires et va à l’encontre des objectifs recherchés par la semaine de travail de 4 jours.
Un levier pour l’équilibre vie pro-vie perso
En revanche, pour les entreprises où une présence physique n’est pas toujours indispensable et dont l’activité est organisée selon des projets et des objectifs à atteindre, il est plus facile d’adopter un modèle flexible d’horaires de travail.
Dans les secteurs de la tech et de l’IT, de la communication et du marketing, de la consultance et des finances, la semaine de travail de 4 jours peut être une solution win-win pour les employeurs et les employés.
Elle permettrait notamment de réduire les risques de stress et de burn-out et de participer à un meilleur équilibre entre vie privée-vie professionnelle. En outre, il s’agit d’une solution pour réduire les temps de trajets, ce qui représente des économies de temps, d’argent et de CO2.
Pour les employeurs, la semaine de 4 jours peut donc se présenter comme une stratégie efficace pour améliorer la productivité et la motivation des équipes.
Des résultats contrastés selon les pays
En Belgique, depuis 2022, les salariés du secteur privé peuvent demander à travailler 38 heures (temps plein) sur 4 jours. Ce qui implique des journées de 9,5 heures. Mais on constate que moins de 1% des travailleurs ont opté pour ce régime.
La Suède a également connu des résultats mitigés quant à ses expérimentations relatives à la semaine de 4 jours, avec des gains en bien-être, mais des difficultés organisationnelles.
Entre 2015 et 2019, l’Islande a mené un projet de grande envergure sur la semaine de 4 jours. En outre, 2.500 employés ont eu la possibilité de passer de 40 à 35 ou 36 heures de travail sans baisse de salaire.
Les chercheurs ont constaté une réduction du stress, de l’épuisement et un meilleur équilibre vie privée-vie professionnelle. L’étude a donc été considérée comme une réussite et a entraîné des changements importants dans le pays.
La semaine de travail de 4 jours, un modèle d’avenir ?
Au Luxembourg, une pétition publique réclamant la semaine de 4 jours a été ouverte fin 2024. Ayant récolté à ce jour plus de 2.500 signatures, elle témoigne d’un réel intérêt pour le sujet. Si elle atteint son objectif (4.500 signatures), un débat devra être organisé à la Chambre.
Ce serait alors l’occasion de discuter de la faisabilité du projet. Car si la semaine de travail de 4 jours fait beaucoup parler d’elle, sa mise en place requiert une réflexion approfondie, notamment concernant la durée allongée des journées de travail (une journée de travail de 10 heures est-elle vraiment souhaitable ?), et une adaptation au contexte de chaque entreprise.
Pour les RH, l’enjeu est de trouver le bon équilibre entre flexibilité et performance.
Cette tendance, encore au stade d’expérimentation, pourrait bien redéfinir l'organisation du travail dans les années à venir.

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