Parentalité et carrière : Quel soutien pour les femmes actives au Luxembourg ?

Auteur: Marie François

Publié le Il y a 1 semaine

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Vous êtes une femme, vous êtes maman, et vous travaillez au Luxembourg ?

Vous l’avez peut-être remarqué, mener une carrière en parallèle à votre vie de famille, ce n’est pas si évident. Et pour cause, au Luxembourg comme ailleurs en Europe, on constate encore trop de disparités entre hommes et femmes, notamment au niveau du temps de travail et des types de postes occupés. Ce déséquilibre est lié, entre autres, aux spécificités de la parentalité.


Hommes et femmes, sur un même pied d’égalité au boulot ?


En matière d’égalité salariale, le Luxembourg présente de meilleurs chiffres que les autres pays européens. En effet, le salaire moyen brut moyen des femmes est légèrement supérieur à celui des hommes, à horaires égaux. Mais il suffit d’analyser les chiffres de plus près pour se rendre compte que les femmes, en réalité, gagnent moins que les hommes, parce qu'elles sont plus nombreuses à occuper des postes à temps partiel. D’autre part, on voit que des disparités importantes persistent au sein même de certaines branches et selon les niveaux de responsabilités.


Un déséquilibre qui persiste


Le déséquilibre se fait particulièrement ressentir dans les métiers historiquement masculins. Le secteur de l’industrie et des transports, par exemple, emploie 9% de l’ensemble des femmes salariées au Luxembourg et 39% des travailleurs masculins. L’éducation, pour sa part, emploie 29% de la force nationale de travail de sexe féminin, et seulement 8% des hommes employés au Luxembourg.


On remarque aussi que les hommes sont plus nombreux à gagner de très gros salaires, alors que les femmes sont en moyenne, plus diplômées que ces derniers. En outre, au Luxembourg, on croise plus d’hommes que de femmes en politique. C’est aussi le cas aussi dans les bureaux de direction des entreprises.


Le fait de retrouver plus d’hommes dans les postes décisionnaires n’est pas un problème uniquement luxembourgeois. En Europe, dans les conseils d’entreprise, il n'y a que 34% de femmes en moyenne.


Les temps partiels entraînent moins de revenus


Malgré un PIB par habitant le plus élevé de l’Union européenne, Luxembourg présente un taux de pauvreté de 13,5% chez les femmes qui travaillent, touchant principalement celles qui élèvent seules leur(s) enfant(s). Le fait que près d’une femme sur trois travaille à temps partiel (30,9 % de femmes contre 7,1 % d’hommes), pour s’occuper notamment de sa famille, entraîne une disproportion au niveau du nombre d’années travaillées en fin de carrière, ce qui impacte aussi le montant de la pension à laquelle on peut prétendre.


Quelles solutions pour rééquilibrer la balance ?

 

On vous rassure mesdames, le Luxembourg ne reste pas les bras croisés face à cette situation désolante. Plusieurs mesures, soutenues par l’Etat, ont été prises et d’autres sont en cours de réflexion pour améliorer l’équilibre entre hommes et femmes au travail.

 

On peut citer la désignation obligatoire d’un délégué à l’égalité au sein de la délégation du personnel des entreprises d’au moins 15 personnes. Sa mission principale est de promouvoir l’égalité dans l’entreprise de manière concrète, et notamment l’égalité de traitement entre femmes et hommes dans toutes les étapes de relation de travail (accès à l’emploi et à la formation, rémunération, conditions de travail, licenciement).


Déconstruire les idées reçues, promouvoir l’égalité des genres


Dans les entreprises aussi, on se bouge ! Et plus particulièrement dans les organisations où l’on retrouve moins de femmes que d’hommes.

 

Dans la recherche scientifique, les femmes représentent un potentiel sous-représenté (25% des chercheurs au Luxembourg sont des femmes) ? La campagne « Women & Girls in Science » portée par le Fonds national de la recherche, l’Université de Luxembourg et Research Luxembourg, entend susciter l’intérêt et contribuer activement à la déconstruction des stéréotypes de genre dans les milieux scientifiques.

 

Dans le secteur financier, la Luxembourg Gender Finance Task Force a été lancée en 2023 par le ministère des Finances. Ce groupe de travail, dirigé par des personnalités publiques et privées, a pour objectif de soutenir, d’impulser et de stimuler la finance de genre, autrement dit de promouvoir l’égalité des sexes et plus de diversité dans le secteur financier.

 

Certaines organisations font figure d’exemples. C’est le cas des CFL, le plus grand employeur du pays, qui compte bien augmenter la part des femmes en interne (de seulement 15% en 2022), avec le programme « Woman@CFL ». Par ailleurs, les CFL ont également lancé une campagne « Empow(her)ing Journey » pour mettre en valeur les femmes au sein du secteur ferroviaire.


La directive européenne sur l’équilibre entre les femmes et les hommes dans les conseils des entreprises, entrée en vigueur fin 2024, devrait contribuer à faire bouger les lignes dans le monde des affaires. Elle vise à ce que la proportion de membres du sexe sous-représenté atteigne 40% pour les administrateurs non exécutifs et 33 % pour l’ensemble des administrateurs. Ces objectifs qui doivent être atteints par les entreprises des Etats membres au plus tard le 30 juin 2026.


Il faudra encore fournir des efforts


Si avoir un enfant n’est pas incompatible avec une carrière professionnelle pour une femme, il faut bien avouer que cela reste un frein plus ou moins important selon les situations. Même si les pères sollicitent de plus en plus le congé parental, on constate que contrairement aux mères, qui prennent leur congé parental d’un coup, après le congé de maternité, les pères y font appel plus tard, et à temps partiel (un jour par semaine par exemple). Ils ne sont donc pas absents de l’entreprise à 100% pendant une longue période, ce qui représente moins de difficultés d’adaptations pour l’employeur.


D’autre part, les mères sont celles qui restent le plus à la maison pour s’occuper des enfants malades, profiter pleinement de leurs microbes, et tomber malades à leur tour.


L’égalité des genres au travail n’est pas encore acquise, ni au Luxembourg, ni ailleurs en Europe, même si l’on constate une amélioration de plusieurs marqueurs dans différents domaines. Pour continuer à soutenir les femmes, et plus particulièrement les mamans, dans leur cheminement professionnel, tous les secteurs doivent s’y mettre. La culture d’entreprise est bien sûr, primordiale, mais elle doit être soutenue par des mesures politiques courageuses, une sensibilisation dès le plus jeune âge, et une éducation qui prône l’égalité dans tous les domaines de la société.

Sources :

Https://statistiques.public.lu/fr/actualites/2024/stn36-tcs.html

https://statistiques.public.lu/dam-assets/catalogue-publications/regards/2023/regards-05-23.pdf

https://statistiques.public.lu/fr/actualites/2024/stn36-tcs.html

https://gouvernement.lu/fr/gouvernement/gilles-roth/actualites.gouvernement2024%2Bfr%2Bactualites%2Btoutes_actualites%2Bcommuniques%2B2024%2B07-juillet%2B04-roth-gftf.html

https://luxembourg.representation.ec.europa.eu/actualites-et-evenements/actualites/entree-en-vigueur-de-nouvelles-regles-de-lue-visant-un-meilleur-equilibre-entre-les-femmes-et-les-2025-01-03_en

https://paperjam.lu/article/femmes-a-postes-direction-enri

https://www.ohchr.org/fr/news/2025/02/experts-committee-elimination-discrimination-against-women-commend-luxembourg

https://mega.public.lu/fr/actualites/2024/wis.html

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