Auteur: Xavier Foucaud
Verëffentlecht den Vor 3 wochen
Cet article fait partie de notre série du mois : “Les emplois verts (green jobs) au Luxembourg”.
Chaque mardi, retrouvez un article différent sur notre site :
Le Luxembourg mise sur la montée en compétence de sa main-d’œuvre pour accompagner la transition écologique. Focus sur les dispositifs, formations et opportunités pour se former aux emplois durables, dans un contexte où la mutation des métiers s’accélère.
Dans un contexte de transformation profonde de l’économie et du marché du travail, la formation joue un rôle majeur.
En effet, comme l’indique l’Institut national pour le développement de la formation professionnelle continue (INFPC), « Les compétences pour une économie verte englobent … des compétences transversales », des compétences spécifiques aux métiers liés à la transition écologique et des compétences hautement spécialisées telles que les énergies renouvelables ou le recyclage.
Au Luxembourg, les entreprises sont encouragées à investir dans la formation professionnelle, notamment via des aides à la formation continue, un cofinancement étatique, et des dispositifs qui permettent de réorienter les salariés vers des fonctions plus durables. Le portail lifelong-learning.lu permet aux salariés et aux particuliers d’identifier les formations et les aides disponibles.
Cette montée en compétence est indispensable : selon le rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) « How green are regional labour markets in Luxembourg? », environ 31,7% des travailleurs luxembourgeois exercent des emplois comprenant des tâches vertes (voir notre précédent article Green jobs : tout savoir sur les emplois verts au Luxembourg).
Ainsi, la formation n’est plus seulement un enjeu individuel mais un levier collectif pour que l’économie nationale puisse évoluer vers une trajectoire plus durable.
Deux dispositifs particulièrement emblématiques au Luxembourg méritent qu’on s’y attarde :
Ce programme, porté par l’Agence pour le développement de l’emploi (ADEM) et le ministère du Travail, vise à accompagner la reconversion vers des métiers liés à la transition écologique : ingénierie environnementale, éco-construction, recyclage, mobilité durable.
Bien que les données publiques détaillées soient limitées, ce type de dispositif inscrit la formation comme pivot de la réorientation professionnelle. Des programmes antérieurs comme Fit 4 Green/Build Jobs ont déjà ciblé la formation de demandeurs d’emploi pour les secteurs de la construction et de l’énergie.
Parallèlement, le numérique a sa place dans la transition : ce dispositif intègre une dimension « verte » en visant les métiers numériques à faible impact environnemental ou à fort potentiel d’efficacité énergétique.
Cette double entrée permet d’élargir le spectre des parcours possibles. Ces dispositifs participent à créer un environnement de travail plus flexible et plus résilient, où la reconversion vers des fonctions « vertes » est rendue possible grâce à l’accompagnement, à la formation et à la reconnaissance des compétences antérieures.
Le secteur de l’enseignement supérieur ne reste pas en retrait. L’Université du Luxembourg, en partenariat avec le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) et d’autres établissements, développe des cursus spécialisés : master en ingénierie environnementale, certifications en économie circulaire, gestion énergétique, etc. Le rapport annuel 2023 de LIST souligne son engagement vers des technologies et études « respectueuses de l'environnement et adaptées à notre futur ».
De plus, l’OCDE souligne que la montée en compétences adaptées à la transition écologique constitue une priorité nationale : « de nouveaux « emplois verts » seront créés, […] tandis que certains emplois existants pourraient être supprimés ou transformés en termes de tâches quotidiennes ».
L’enjeu est donc double : former de nouveaux entrants mais aussi adapter les parcours existants pour qu’ils soient en phase avec les besoins de l’économie verte.
Cette intégration de l’enseignement supérieur, de la recherche appliquée et de la formation continue est essentielle pour bâtir une main-d’œuvre « verte » compétente et adaptable.

Les entreprises et les départements ressources humaines doivent repenser leur approche.
Le recrutement ne se limite plus à la recherche d’un métier « vert » mais à l’évaluation de compétences spécifiques : audit énergétique, maintenance de technologies renouvelables, logistique durable, etc.
L’employabilité implique de reconnaître les compétences transmissibles : un technicien en maintenance peut devenir technicien en installation de panneaux solaires, à condition de la formation adéquate.
Le défi RH repose sur l’identification des talents internes, la formation en interne, la valorisation des trajectoires et la fidélisation des collaborateurs dans des métiers qui évoluent rapidement.
L’Observatoire de la formation de l’INFPC analyse cette mutation dans les entreprises : « En 2021, les entreprises qui sollicitent l’aide de l’État pour le financement de leur plan de formation investissent 1,3 % de leur masse salariale en formation. »
Enfin, la dimension géographique et transfrontalière du marché du travail luxembourgeois implique que les entreprises élargissent leurs approches RH au-delà des frontières nationales.
Pour réussir dans les emplois verts ou green jobs, un ensemble de compétences est désormais incontournable :
La recomposition des compétences impose de nouveaux profils hybrides, mêlant savoir-faire technique, conscience environnementale et compétences de gestion.

L’accès est facilité grâce à des aides financières, un co-financement État-entreprise, des congés formation, et des orientations via l’INFPC ou l’ADEM. De plus, l’articulation entre reconversion professionnelle et évolution de carrière est mise en avant : on n’attend plus que le changement par la voie traditionnelle, mais on accompagne activement la mobilité entre secteurs.
Les opportunités sont multiples dans de nombreux secteurs.
Dans la construction durable, la rénovation énergétique des bâtiments (isolation thermique, gestion intelligente) est un vecteur important.
Dans les énergies renouvelables, l’installation, la maintenance et la gestion de réseaux sont en forte demande.
Dans la mobilité verte, l’électrification, la logistique urbaine et le partage de véhicules font apparaître de nouveaux profils.
Par exemple, l’étude « Global Entrepreneurship Monitor Luxembourg 2023-24 » révèle que 66 % des entrepreneurs déclarent s’engager à réduire leur impact environnemental.
Ces dynamiques constituent des véritables points d’entrée pour les candidats motivés à se repositionner ou à démarrer une nouvelle carrière « verte ». En parallèle, les employeurs doivent veiller à anticiper les besoins, à adapter l’offre de formation et à rendre les métiers attractifs.
La formation et la reconversion constituent des axes stratégiques essentiels pour permettre au Luxembourg de réussir sa transition vers une économie plus verte.
En mobilisant des dispositifs adaptés, en investissant dans les compétences, et en adoptant une vision « humaine » des métiers (réorientation, montée en compétence, valorisation), il est possible de bâtir une main-d’œuvre durable et compétitive.
Pour les professionnels des RH, les formateurs et les candidats, l’heure est à l’action : la mutation des métiers est en marche, il s’agit de s’y préparer.
Qui peut bénéficier des dispositifs de reconversion vers les métiers verts ?
Demandeurs d’emploi, salariés en poste, personnes en reconversion professionnelle peuvent accéder aux dispositifs comme Fit 4 Green Jobs, ou aux modules proposés via l’INFPC. L’important est d’identifier les formations adaptées, de vérifier les aides disponibles et de s’engager dans un parcours compatible avec ses objectifs.
Combien de temps faut-il pour se former à un métier vert ?
Cela dépend du niveau et du métier ciblé. Une formation courte peut durer quelques mois (modules certifiants), tandis qu’un parcours complet (Bachelor/Master) peut prendre plusieurs années. Les programmes de reconversion visent souvent à rendre opérationnel en 6 à 18 mois, selon l’expérience et l’engagement.
Quels sont les critères pour choisir une bonne formation dans ce domaine ?
Il faut vérifier que la formation est reconnue et éligible aux aides (INFPC, co-financement), qu’elle couvre les compétences techniques et transversales utiles aux métiers verts, que le débouché est réel (secteur actif, emploi en tension), et que l’organisme de formation propose un accompagnement (réorientation, coaching). L’Observatoire de la formation de l’INFPC est une ressource utile pour comparer les offres et suivre les tendances.
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